La construction et la rénovation des plages privés de Juan-le-Pins est l’occasion d’une requalification globale des espaces publics qui les accompagnent. Ces lieux présentent la particularité de n’être pas réellement continus les uns avec les autres. S’ajoutent à cela des usages tout aussi diversifiés et même parfois contradictoires. S’ils ne peuvent être reliés physiquement, c’est une écriture architecturale et paysagère qui inscrira leur identité dans le tissu de la ville. Pour ce travail de requalification, les objectifs sont de mettre en scène les vues vers la mer, de requalifier les interfaces avec la ville, d’assurer une promenade continue, accessible et clairement identifiée et de créer des espaces de pause confortables.
Dans le secteur Baudoin, la fragmentation de l’espace public contrarie la relation entre ville et mer. La construction des patios est l’occasion de remettre en scène la fontaine de la baigneuse, figure centrale de la composition, au cœur d’un espace public à la topographie unifiée. La nouvelle place de la baigneuse, en balcon sur la promenade et la mer, dépourvue de tout obstacle visuel, projette le promeneur dans le grand paysage. Les contraintes fonctionnelles liées à la présence des lots de plage sont totalement intégrées pour faire émerger un espace public lisible et unitaire. Magnolias, micocouliers et massifs arbustifs composent un nouveau paysage en accompagnement des pins parasols pour offrir une pause ombragée et un filtre visuel apaisant. L’esthétique anarchique des plages, premier plan hétérogène impactant la qualité d’ambiance de la promenade, appauvrit son rapport à la mer. La reconstruction des équipements démontables, envisagée comme une séquence composée, rythmée et continue en lien avec la trame urbaine existante, apaise le front de mer. La compacité des volumes démontables libère la façade maritime pour créer des percées visuelles régulières vers la plage. Emmarchements en gradins et rampes aux pentes adaptées accompagnent le tracé du mur pour gommer les ruptures topographiques et affirmer la continuité de la promenade du front de mer.
Dans la pinède, la démolition de l’ensemble des emprises bâties offre la possibilité de reconnecter le parc à la mer. Le projet initie un geste ample pour unifier parc et promenade par le dessin du sol, de part et d’autre de l’avenue Baudoin et de la maison située au cœur du square. L’escalier public principal, véritable événement urbain fusionnant le théâtre de verdure et le gradin paysager, offre une transition douce et fonctionnelle vers la plage en ménageant de nouveaux usages et des perspectives visuelles ouvertes sur le grand paysage. Le projet libère l’espace public en centralisant les accès aux plages privées dans un kiosque à l’écriture architecturale soignée accueillant les visiteurs dans un espace lumineux, ouvert sur le paysage et attractif depuis la promenade. Les restaurants percent largement le socle minéral pour s’ouvrir totalement vers la mer
Sur la plage de la Garoupe, le mur de la promenade apparaît comme l’élément catalyseur unissant des composantes très diverses dans un aménagement cohérent. Il serpente pour se conformer à la limite entre domaine communal et maritime, il s’interrompt et se dédouble pour distinguer les escaliers aux plages, il se retourne et s’élève pour intégrer le belvédère dans la composition générale. Le volume construit au-dessus du mur, alliant façade vitrée et bardage bois naturel, évoque l’architecture balnéaire et méditerranéenne pour se distinguer clairement de la massivité du socle de la promenade. Il s’implante en retrait, définissant une galerie publique en balcon sur la mer, pour matérialiser la continuité naturelle de la promenade vers le sentier du littoral. L’espace public est réorganisé pour sécuriser les parcours vers la mer et supprimer tout conflit d’usage entre piétons et circulation automobile.